Emine Arslan est une femme turque de 44 ans, mariée, mère de quatre enfants, dont la silhouette trapue et le foulard islamique surprennent les passants de l’avenue Montaigne en ce samedi 7 mars. Depuis huit ans, elle est ouvrière à l’usine Desa d’Istanbul (550 salariés), qui produit de la maroquinerie en sous-traitance pour de grandes marques européennes de prêt-à-porter : Prada, Mulberry, El Corte Inglés…
Emine a été une ouvrière modèle. Entrée à l’usine en 1999, d’abord au noir pendant dix mois, elle est embauchée en 2000. Les ouvrières manient à mains nues des solvants, des produits chimiques, sans aération et sans masque. Les journées sont longues, près de quatorze heures. Et quand il y a un coup de bourre, elles restent parfois trente-six heures d’affilée à leur poste, avec juste un petit temps de sommeil allongées sous la machine, à même le sol. Le tout pour 240 euros par mois, 400 euros si le patron n’oublie pas de payer les heures sup, ce qui arrive.
En Turquie, la durée hebdomadaire du travail est de quarante-cinq heures et le salaire minimum de 305 euros, mais qui respecte la législation ? Pendant huit ans, Emine a été considérée comme une excellente ouvrière. Et puis, le 1er juillet 2008, elle s'est syndiquée, au syndicat des travailleurs du cuir de la centrale Turk Is, et a incité ses camarades à en faire autant. Dans la journée, elle a reçu deux avertissements pour négligence et elle a été licenciée.
Plainte. Soutenue par son syndicat et son mari,