C’est bien connu, le mystère ajoute à la légende. De ce côté-là du moins, Bernard Madoff peut dormir tranquille. Il est assuré de rester, à l’image d’un Stavisky, comme un des plus extraordinaires escrocs de l’histoire.
Le plus fou dans l’affaire, c’est que l’on regorge désormais d’informations sur le quotidien de cet homme. Jusqu’à son restaurant favori, à New York, un italien de la Deuxième Avenue où il se rendait régulièrement avec sa femme, Ruth, toujours aux alentours de 18 h 30, pour cinquante minutes chrono, afin de déguster, assis à une table tranquille au fond de la salle, le même et éternel menu (poulet-salade accompagné d’un coca light ou d’un verre de vin rouge pour lui, poisson et vin blanc pour elle, ni dessert, ni café). Pourtant, plus on en sait, moins on parvient à cerner le personnage.
Estimé de tous. Jusqu'à ce que le FBI brise net sa success story, un jour de décembre 2008, en venant l'arrêter dans son appartement de New York, Bernard Madoff est un homme estimé de tous. Partenaires de golf de Palm Beach (Floride), amis aisés de Long Island, gotha new-yorkais, grandes fortunes d'Arabie Saoudite ou d'Espagne, hedge funds en quête d'un retour juteux, associations caritatives prestigieuses (d'Elie Wiesel à Steven Spielberg)… tous s'émerveillent du chemin parcouru par cet homme natif du Queens dont il avait gardé un léger accent. «Vous pouviez facilement deviner qu'il ne venait pas de Suisse», s'amuse l'une de ses connaissances