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Libération

«On passe pour Al-Qaeda avec nos armes de défiscalisation massive»

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Sous les projecteurs, Jersey a signé un accord de coopération pour ne pas être blacklisté.
publié le 13 mars 2009 à 6h52

Le ciel doit être aussi bas que le moral de Terry Le Sueur, chief minister de Jersey. Aux affaires depuis trois mois, il tente d'échapper au cyclone qui s'approche des paradis fiscaux en ouvrant un parapluie de bonne volonté apparente. Le ferry de Saint-Malo décharge son maigre flot de touristes venus humer les façades victoriennes de banques internationales, pour la plupart sous perfusion étatique. Et avec eux, une trentaine de militants d'ONG européennes, qui, signe des temps, affichent un certain sourire.«Il y a huit ans, on avait dû négocier huit mois pour venir, avant d'être accueillis par des policiers venus d'Ecosse, rappelle Jacques Harel, d'Attac Pays malouin-Jersey. Là, on est venus tranquillement tenir une conférence avec les Jersiais, sans chercher à les stigmatiser. Et leur dire comment ils peuvent sortir de leur économie de rente.» Et servir, au passage, de guide dans les rues de ce quasi-remake du village du Prisonnier pour dévoiler, un peu, la face cachée de l'un des plus prospères et discrets Monopoly de la finance.

Rêve. Ah… Jersey, ses 500 milliards d'euros d'actifs financiers en gestion, soit 1,5 fois le budget de la France. Jersey, ses 47 banques enregistrées, soit une banque pour 1 125 habitants. Jersey, ses 13 260 employés dans les services financiers, soit 23 % de la population active. Jersey, son impôt sur les bénéfices des firmes étrangères de 0 %, soit le rêve caressé par tout conseil d'administration. Jersey, déso