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Libération

Profits, salaires et inégalités

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publié le 17 mars 2009 à 6h53

En ces temps de crise brutale, il est dommage de perdre du temps en vaines querelles. Par moment, le débat sur le partage profits-salaires de la valeur ajoutée des entreprises prend des allures surprenantes. Certains à gauche semblent suspecter quiconque constatant la stabilité de ce partage de vouloir dire que les inégalités de revenus ne progressent pas en France. Alors même qu’il s’agit de deux questions totalement distinctes, et qu’il est essentiel de le comprendre si l’on veut mettre en place des politiques de redistribution appropriées. Et puisque le véritable enjeu de ces discussions porte sur la question des inégalités disons le clairement : les inégalités ont explosé en France au cours des dix dernières années.

L'étude de Camille Landais le démontre sans contestation possible. Entre 1998 et 2005, on constate ainsi des progressions de pouvoir d'achat de plusieurs dizaines de pourcentages au sein des Français les plus aisés (20 % en moyenne pour le 1 % le plus riche, et plus de 40 % pour le 0,01 % le plus riche, alors que les 90 % des Français les moins aisés ont connu une progression d'à peine 4 %. Tout indique que ces évolutions se sont poursuivies, voire amplifiées, entre 2005 et 2008. Il s'agit d'un phénomène nouveau, inconnu au cours des décennies précédentes, et massif : le trend est d'une ampleur comparable à celui observé aux Etats-Unis depuis les années 1980, avec pour conséquence un transfert de l'ordre de 15 points de revenu national en direction du 1