Il est toujours difficile d'arrêter des manifestants en colère. A Paris, jeudi soir, la protestation s'est terminée par l'intervention musclée des CRS. Et de nombreuses interpellations. Récit.
17h30, place de la Nation. Les bus des fédérations syndicales repartent dare-dare vers la banlieue. Et avec eux le gros des troupes et leurs banderoles géantes. Restent les autres, qui arrivent à Nation par petits groupes décousus. Fatigués d'avoir marché et crié toute l'après-midi, certains -surtout des jeunes- s'assoient à même le sol, sur le terre-plein central de la place, près de la fontaine.
Tout en trempant leurs chips dans une sauce au guacamole, deux jeunes étudiants restent sur leur faim. «C'est bizarre les manifs chez vous, vous marchez pendant des heures, et puis rien. Tout le monde se casse, comme ça.» Geneviève est québécoise, elle étudie le théâtre à Montréal. De passage à Paris, elle n'a pas raté une miette de la manif. Epatée de voir autant de monde dans la rue: «à Montréal, le maximum qu'on ait fait, c'est 200 000 personnes, contre la guerre en Irak». Mais un peu déçue que rien ne soit organisé pour clôturer la journée. «Chez nous, il y a toujours une scène avec de la musique et des gens qui lisent des textes engagés...»
«J'avais besoin de gueuler un bon coup»
Sur le parapet, les places sont chères. Dalida, 46 ans: «J'ai soif après avoir tant crié, et je peux même pas me payer un coca. On compte tout, on se plaint tout. Les vacances, le cinoch, et même un cornet de frites à la ma