Midi, place de la République, à Paris. L'effervescence est palpable: les premières merguez grésillent, les syndicalistes tractent à tout va. Et les bus de manifestants commencent à arriver.
«Ça va péter», avertit un syndicaliste en enfilant un gilet orange fluo (couleur de la CFDT). «En province, les premiers chiffres sont bons. On va tout déchirer à Paris, c'est sûr». Il est confiant. «Les gens en ont vraiment trop marre d'être pris pour des cons».
«On est là parce que tout va super bien: on n'est pas du tout fatigué, on n'a pas la pression au travail et en plus on gagne super bien notre vie.» Claudine choisit l'ironie pour exprimer son ras-le-bol. Infirmière depuis 25 ans, elle se dit «lessivée et dégoûtée» du manque chronique de personnel.
«On nous a menti»
«Le pire de tout, ça a été de voir le gouvernement débloquer tout d'un coup des milliards pour sauver les banques… Alors que pendant des années, on nous a répété que l'Etat n'avait pas de marge de manœuvre pour investir dans l'école, les hôpitaux ou la justice», explique posément Dominique. Elle est inspectrice des impôts à Bobigny depuis le début des années 1980.
Si elle est là aujourd'hui, «comme le 29 janvier d'ailleurs», c'est surtout par solidarité avec «les salariés du privé qui ne peuvent pas facilement se mettre en grève pour expr