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Libération
EDITORIAL

Impudence

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publié le 21 mars 2009 à 6h51

On a l’impression désolante que les maîtres du monde, même renfloués par l’argent des contribuables, n’ont rien compris. Aux Etats-Unis, c’est l’affaire des bonus d’AIG qui a suscité une indignation sans précédent dans un pays plutôt bien disposé envers la réussite économique. En France, ce sont les stock-options des quatre grands chefs de la Société générale qui font justement scandale. Oui, la banque de Kerviel et des subprimes, gérée par ces petits génies de la finance qui viennent de s’octroyer quelques millions d’euros vite gagnés. Le gouvernement a senti le danger et l’impudence de ce casino où certains gagnent à tous les coups. Lagarde a finalement demandé et obtenu que la bande des quatre sursoie à ses gros lots. Une manœuvre qui ne suffira pas à calmer la colère des manifestants, inquiets, eux, pour leur emploi et leur pouvoir d’achat. Il ne s’agit pas de sombrer dans la démagogie simpliste du «patrons, tous pourris». Certains, comme Carlos Ghosn, ont au contraire la décence de refuser leur bonus alors que leur pays, leur entreprise et leurs ouvriers traversent une passe difficile. Mais de nombreux patrons n’ont pas cette autodiscipline. On attend toujours que le Medef présente une version concrète de son «code d’éthique» sur les rémunérations des grands patrons. Parisot, prompte à critiquer la «démagogie» des syndicats, peut commencer par balayer devant sa porte. Sinon, le gouvernement, tellement soucieux d’une pédagogie de la crise, va devoir rapidement montrer q