«Le secret bancaire n'est pas négociable.» Quand il prononça cette phrase, il y a quelques années, le ministre des Finances conservateur Kaspar Villiger ne se doutait pas qu'on l'appellerait au secours à la fin de l'hiver 2009 pour prendre la présidence de UBS, le géant bancaire helvétique chancelant. Cette même UBS qui a fait sauter le verrou financier helvétique en livrant, mi-février, toute une série de noms de fraudeurs au fisc américain. Un geste de dernier recours : Washington menaçait de suspendre la licence de la banque suisse à Wall Street, ce qui aurait provoqué sa perte. «Coopération». Cette première brèche a donné le signal de départ d'une attaque en règle comme le pays en a rarement vécue : le lendemain de la «concession» des banquiers de Zurich au fisc américain, celui-ci exigeait 52 000 noms de plus. A Bruxelles, les Européens (Allemands et Français en tête) faisaient savoir que le «nouvel esprit de coopération» de Berne ne pouvait qu'augurer de prometteurs échanges d'informations, à l'avenir, entre les autorités fiscales des Vingt-Sept et celles de la Confédération. «L'affaire UBS a été le détonateur de l'offensive, mais le vrai enjeu n'est évidemment pas l'Amérique, mais l'Europe, note Myret Zaki, qui déroule les fils de la pelote financière helvétique depuis le début de la débandade (1). Il y a 500 milliards d'euros non déclarés en Suisse, qui proviennent essentiellement d'Allemagne, de France et, à un degré moindre, d'Italie.
Le secret bancaire suisse au supplice
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par Serge Enderlin
publié le 23 mars 2009 à 6h51
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