John Green est tout sourire. Le directeur de Working Families, une association de familles de travailleurs à Hartford (capitale du Connecticut) - une cité industrielle très touchée par la crise économique -, affiche, ce samedi en fin de journée, le visage satisfait de ceux qui savent avoir tourné à leur avantage une situation qui menaçait de déraper. Près de 40 personnes s’étaient inscrites pour participer à la visite guidée du quartier où résident quelques dirigeants de l’assureur américain AIG. Des managers qui ont touché des bonus faramineux alors que le géant, sauvé de la faillite par l’Etat, a reçu plus de 170 milliards de dollars (125 milliards d’euros) du contribuable américain et a affiché un record historique de pertes (100 milliards de dollars en 2008).
«Nous sommes fâchés contre AIG, disait l'invitation sur le site de l'association, Allons le leur dire !» Mais alors que l'événement avait tout de la chasse aux sorcières après une semaine de furie médiatique contre les dirigeants d'AIG - et par extension contre la culture du profit à Wall Street -, la visite guidée aura surtout permis à leurs organisateurs de montrer l'étendue du fossé entre les victimes de la crise et les ténors de la finance. «J'ai promis que je me comporterais correctement», dit Craig Stallings, 36 ans, dans le bus miteux qui emmène le groupe vers Fairfield County, l'un des comtés les plus riches du pays, sur la bien nommée «côte d'or», dans le sud du Connecticut. «En réali