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Libération
EDITORIAL

Avidité

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publié le 24 mars 2009 à 6h51

Alain Minc, le Jiminy Cricket des élites, a raison. Comme il l'écrit dans le Figaro, l'autisme de la classe dirigeante économique est proprement renversant. Alors même que dans un geste politiquement néfaste pour son propre camp, Nicolas Sarkozy a maintenu contre vents et manifs le bouclier fiscal destiné à protéger les plus riches des Français, les managers des grands groupes continuent à se verser des émoluments extravagants.

Ce sont moins les individus qui sont en cause qu’une culture de l’avidité qui plombe depuis des lustres la réputation des grands patrons, hommes par ailleurs fort utiles quand ils développent la production. Dans la finance en particulier, ces membres de la noblesse bancaire sont comme les émigrés pendant la Révolution. Après six mois de crise violente et de protestations contre l’injustice, ils n’ont rien appris ni rien oublié.

Outre qu’elle est ressentie comme une blessure par les salariés de France et un déni de tout contrat social, cette attitude est aussi une absurdité économique. C’est le marché, disent les bons apôtres, qui décide in fine de ces rémunérations. Si elles diminuent, l’efficacité de la production française s’en ressentira en provoquant le départ des intéressés. Outre que c’est une menace imaginaire, on sait que les records de croissance furent battus en France pendant les Trente Glorieuses, époque où les salaires des managers étaient très inférieurs à ceux d’aujourd’hui. A l’immoralité sociale, on ajoute la falsification h