Menu
Libération
EDITORIAL

Epargnés

Article réservé aux abonnés
publié le 27 mars 2009 à 6h51

Dans l’art de la «mesure Canada Dry», Nicolas Sarkozy est passé maître. L’effet d’annonce est toujours garanti, mais il manque souvent la substance.

Là encore, au cœur de la polémique grandissante sur les rémunérations diverses et variées des patrons en temps de crise, il nous sort de sa manche un décret pour rien, sans conséquence ou presque. Lors de son discours de Saint-Quentin, mardi, le Président avait déjà témoigné de son peu d'appétit pour intervenir en la matière. Certes, il avait recouru à son habituel couplet sur le capitalisme moral et sur la responsabilité des leaders d'entreprises mais sans décision concrète. On dit ensuite que le ton serait monté d'un cran au cours de sa rencontre avec le Medef, où il aurait menacé de «passer par la loi».

Au final, c’est une nouvelle reculade. Un décret qui ne concernerait que les «mandataires sociaux» des sociétés ayant bénéficié d’une aide financière directe de l’Etat. Ce qui réduit la cible à une poignée de patrons qui, par ailleurs, ont déjà renoncé à leurs bonus ou autres stock-options pour cette année…

Quid de la loi, qui aurait au moins eu l’avantage d’engager un large débat au Parlement ? Quid de la fiscalité des très hauts revenus ou des écarts entre les rémunérations des salariés et celles des dirigeants? Le Président a encore quelques jours pour revoir sa copie et, pourquoi pas, se décider à emprunter le chemin législatif. Mais ce décret homéopathique ne peut contenter personne, sinon les grands patrons, visés e