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Libération
Interview

«Le réveil sera très douloureux»

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Alex Türk, le président de la Commission informatique et libertés (Cnil), s’alarme :
publié le 28 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 28 mars 2009 à 6h51)

Sénateur (divers droite) du Nord, professeur de droit public, le président de la Commission informatique et libertés (Cnil), Alex Türk, s’inquiète des menaces croissantes que fait peser la nouvelle civilisation numérique.

L’emprise technologique est-elle une menace pour ceux qui sont chargés de veiller au respect de nos vies privées ?

Les technologies ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi, mais selon l’usage que l’on en fait. Cela signifie que ce n’est pas parce qu’une technologie existe qu’il faut l’utiliser. Face au déferlement nanotechnologique où tout pourra être activé à distance et à l’insu des principaux intéressés, la société sera-t-elle capable de dire «stop» ? Si elle ne le fait pas, c’est un homme bien différent, infiniment moins libre, bien plus formaté, qui verra le jour.

Vous tirez la sonnette d’alarme ?

Quand je vois la facilité avec laquelle les gens gobent toutes ces nouvelles applications censées améliorer leurs vies et le peu de considération qu’ils ont pour leur intimité, je me dis qu’ils sont au minimum naïfs et inconscients. Nous ne sommes pas encore arrivés au niveau où cette société du tout-traçable devient un cauchemar, mais si l’on n’instaure pas aujourd’hui de puissants garde-fous, il sera très vite trop tard.

Que voulez-vous dire par là ?

Si l’on accepte sans rien dire de se laisser tracer et profiler, sur le Net, dans les lieux publics comme les aéroports ou cette boîte de nuit en Espagne où les jeunes se font incruster des puces RFID sous la peau, si l’on laisse les bases de données et fichiers de police ou autre proliférer, le réveil sera très douloureux. Même si l’on n’a rien à cacher, toutes ces données pourront être ut