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Libération
Interview

«Face à l’urgence, il faut une politique de relance»

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Charles Wyplosz, économiste, fustige une Europe trop passive :
publié le 30 mars 2009 à 6h51

Pour Charles Wyplosz, professeur d’économie à l’Institut des Hautes Etudes Internationales à Genève, l’Europe a tort de répéter qu’il n’est pas question de laisser exploser les dettes publiques.

Pourquoi les solutions pour sortir de cette crise sont-elles si divergentes entre les Américains et les Européens ?

Les deux ont une compréhension différente des mécanismes économiques. Les Américains font confiance à la politique monétaire et à la politique budgétaire, alors que les Européens sont sceptiques. Sans parler de la paralysie provoquée par le pacte de stabilité.

Mais Américains et Européens n’ont-ils pas une vision trop binaire de ce que devrait être la relance ?

Les Européens se sont enfermés dans ce débat qui consiste à dire: «C’est ceci ou cela.» Nous sommes dans une situation extraordinairement grave qui nous oblige à faire de la relance budgétaire, donc à creuser les déficits budgétaires. Il y a des urgences et des principes de réalité. L’urgence, c’est les dizaines de milliers de personnes qui chaque jour perdent leur emploi. Le principe de réalité ? C’est faire ce que nous savons faire, c’est-à-dire une plus grande intervention de l’Etat. Les Etats n’ont d’autre choix que de s’endetter.

Que vous inspire Nicolas Sarkozy qui plaide pour une refonte du capitalisme ?

Cette position peut plaire à une certaine opinion, mais il n’y a rien de concret. Américains, Chinois ou encore Japonais n’y comprennent pas grand-chose, et c’est bien pour cela qu’ils concentrent leur effort sur la relance budgétaire. Il y a un peu plus de dix ans, au lendemain de la crise financière asiatique, tout le monde voulait tout réformer. Rien ou presque n’a été fait. Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire. Bien sûr, nous devons reconsidérer le système monétaire international, trouver de no