Au mur, l’horloge en forme d’assiette n’indique plus l’heure. Philippe Widdershoven, 56 ans, a laissé sa lettre sur la toile cirée de la table du local CGT. A l’usine de porcelaine Deshoulières de Chauvigny (Vienne), il était à la fois directeur informatique et délégué CGT. Il a laissé une lettre puis est allé se noyer dans l’étang de Morthemer, une commune voisine.
La première phrase est écrite en capitales : «CYRILLE ET GÉRARD M'ONT TUER [les prénoms du PDG et du directeur général, ndlr] .La pression et le harcèlement moral qu'ils me font subir depuis le 1er octobre 2008 est devenu insupportable. […] Notre entrevue du 18 mars m'a confirmé qu'ils étaient désireux de se séparer de moi.» L'homme demandait aussi que son suicide soit classé en accident du travail. C'est le copain, Dominique Multeau, ancien délégué CGT aujourd'hui retraité, qui a trouvé le mot. A côté, des ciseaux et du sang ; Philippe Widdershoven a visiblement tenté de se tuer sur le site de l'usine, avant de gagner l'étang.
Dans les affaires de suicides liés au travail, les victimes ne laissent pas toujours de lettre. Et pas toujours aussi claire sur les raisons de leur geste, pas aussi violente à l'égard de leur employeur. C'est peut-être pour ça que le cas Widdershoven a fait un tel bruit. «Ils en ont parlé à TF1 hier»,raconte Hélène Quérioux, militante CGT, responsable du secteur emballage, trente-deux ans de maison.
Après le drame
Le Sénat a observé une minute de silence,d'hab