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Libération

Triche comme «Crésus»

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Dans «Confessions d’un banquier pourri», l’auteur, caché sous un pseudo, se fait passer pour un ex-requin de la finance.
publié le 16 avril 2009 à 6h51

L'humoriste français Michel Charasse, ancien ministre du Budget, l'avait assez bien dit : les banquiers, ils ne pensent qu'à nous piquer not' blé. Eh bien, après la facture publique du grand renflouement, c'est fait. Or lesdits banquiers ne seraient pas satisfaits pour autant : maintenant ils écriraient des livres pour nous raconter comment ils nous ont piqué not' blé. Cela donne Confessions d'un banquier pourri, ouvrage qui paraît cette semaine chez Fayard et que son éditeur présente comme le vrai récit véridique d'un authentique banquier, ancien membre du directoire d'un des plus grands établissements français. L'homme se serait subitement décidé à vider son vilain sac. Il s'abriterait sous l'opportun pseudo de «Crésus».

Sauf qu'il suffit d'ouvrir le livre pour se convaincre rapidement qu'il ne s'agit pas du bouquin d'un banquier mais d'un journaliste, qui a puisé dans l'actualité des derniers mois, ainsi que dans une bonne connaissance des milieux financiers, la matière d'une histoire édifiante. Connaissez-vous beaucoup de banquiers dont la plume se laisserait aller à chanter : «"L'idée de Marie-Cécile n'était pas absurde", glissa à cet instant, d'une voix légèrement sirupeuse, le très ambitieux directeur des produits dérivés, avec d'autant plus d'entrain que, pour une fois, il n'était pas concerné par ce ratage»?

Cela n'ôte rien aux qualités du livre, vaste leçon de choses romancée sur les turpitudes des établissements bancaires et financiers - et au-delà sur