Août 2004, Dominique Peutevynck, un technicien supérieur de la centrale nucléaire de Chinon mettait fin à ses jours. EDF déplorait alors trois suicides sur le même site en moins de six mois. La CGT dénonçait une «surcharge de travail» affectant, selon une enquête interne, le moral de «33 % des salariés de la centrale».
La famille Peutevynck a déposé un recours devant le tribunal des affaires sociales de Tours pour que le suicide de cet homme de 49 ans soit reconnu comme une maladie professionnelle et non comme un accident du travail. Conformément aux avis de deux comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles, le tribunal a tranché en faveur des plaignants.
«Anxiété».Etayé dans un exposé d'une vingtaine de pages, le jugement explique que «la dépression dont souffrait avant son décès Dominique Peutevynck était essentiellement causée par son travail habituel», relevant «la personnalité scrupuleuse de l'intéressé, génératrice d'anxiété, avec un très grand investissement professionnel». Le juge a tenu compte des plaintes du salarié, qui avait, à plusieurs reprises, fait part de «sa lassitude et de son envie de partir». Le tribunal a sans doute été sensible aux alertes émises quelques mois avant le suicide par le médecin du travail. «J'avais, par deux fois, appelé la direction de l'époque à la vigilance», dit le docteur Dominique Huez (1)«Dans mon rapport annuel, j'avais indiqué que j'étais soucieux pour 50 % de