Le gouvernement n’a vraiment pas de chance… Son chef, François Fillon, s’est empressé hier matin de réclamer des sanctions judiciaires contre les salariés de Continental auteurs du saccage de la sous-préfecture de Compiègne. Il est certes dans son rôle, et personne ne peut encourager les actions illégales. Mais le Premier ministre va aussi découvrir ce matin dans nos pages qu’à Dexia, banque récemment sauvée de la faillite par des fonds publics, la distribution des cadeaux bonus continue.
Ce contraste, cette simultanéité, cette iniquité sont à la base de la tension sociale que nous connaissons depuis quelques semaines et qui ne cesse de s’aiguiser au fil des plans sociaux.
Le Premier ministre arguera qu’il a dénoncé les cas «choquants» de patrons qui s’octroient des rémunérations exorbitantes. Est-il vraiment allé au-delà des mots ? Les cas de réduction réelle des avantages patronaux se comptent sur les doigts d’une main. Les salariés vraiment licenciés, eux, se comptent par milliers. Cette célérité dans la réaction du Premier ministre, hier, cette fermeté dans le ton, cette sincérité dans la conviction, on aimerait qu’elles s’appliquent aux uns comme aux autres, aux puissants comme aux misérables. Nicolas Sarkozy et ses ministres abusent des déclarations anti-abus. Deux poids, deux mesures, la menace d’une application rigide de la loi contre les uns, l’invocation d’une morale élastique pour les autres : c’est la véritable origine des débordements qu’on stigmatise avec tant de