Imaginez. Plus un seul dossier sur votre bureau ou de pièces à monter sur votre ligne de production. Votre employeur n’a plus rien à vous faire faire, mais - vous êtes un bon élément, aux compétences reconnues - il ne se résigne pas à vous faire partir avec la prochaine charrette de licenciés. Voilà qu’une idée pointe : et s’il vous prêtait à la boîte d’à côté ?
En ces temps de crise et d’angoisse sur l’emploi, le «prêt de salariés» refait parler de lui - à tel point qu’une proposition de loi veut l’encourager. Pourtant, les résultats (quelques dizaines d’emplois sauvegardés à droite à gauche) sont dérisoires quand on sait que chaque mois plusieurs dizaines de milliers de personnes supplémentaires s’inscrivent au Pôle Emploi : 80 000 en février, et sans doute presque autant en mars, si on en croit le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez. Fidèle à son habitude, il n’a pas attendu l’officialisation des chiffres du chômage, aujourd’hui, pour prévenir qu’ils seront cette fois encore bien mauvais.
«Encore le prêt de salariés ! Mais les journalistes ne m'appellent que pour ça !» s'exclame l'attachée de presse de Rhodia. On en oublierait presque que le groupe a annoncé 90 suppressions de postes ce mois-ci, et qu'il doit recourir au chômage partiel… Mais, en février, le groupe chimique a présenté un «plan de flexibilité» à ses syndicats, proposant de prêter ses salariés en manque de travail à d'autres entreprises. Plusieurs pistes sont proposées, certaines déjà timi