Faire ses courses va devenir un vrai casse-tête. Les plaquettes de beurre de 230 ou de 126,5 grammes, les conserves de petits pois de 320 ou 624 g, les tubes de dentifrice de 84 ou 135 millilitres, c'est pour bientôt. Une directive communautaire, entrée en vigueur le 11 avril, donne, en effet, la liberté totale aux industriels de vendre leurs produits dans la quantité qu'ils jugeront la plus adéquate. Fini le paquet de café ou de riz aux rassurantes normes européennes de 250 ou 500 g. Il paraît que c'est pour «satisfaire les consommateurs qui demandent des paquets plus adaptés à leurs besoins», comme le martèle Ton Van Lierop, le porte-parole du commissaire européen à l'Industrie, Günter Verheugen. On peut avoir un gros doute : ne s'agit-il pas plutôt de rendre plus difficile toute comparaison de prix entre les produits, voire de permettre aux industriels de diminuer subrepticement la quantité par emballage sans baisser les prix ? Quinze grammes par ci, cinq centilitres par là, cela finit par faire de gros bénéfices…
Liberté totale. Cette directive de «déréglementation», comme elle le proclame elle-même dans ses «considérants», a été proposée par la Commission alors dirigée par Romano Prodi, le 25 octobre 2004, et a été adoptée définitivement le 5 septembre 2007. A la veille des élections européennes du 7 juin, les milieux eurosceptiques, en quête d'une nouvelle «directive Bolkestein» - surnom de la «directive service» qui a donné des ailes au non lors du