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Libération
EDITORIAL

Coupable

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publié le 27 avril 2009 à 6h51

Kerviel est un délinquant, Kerviel est un voyou, Kerviel est un terroriste. Seule l’action malfaisante d’un individu isolé et pervers peut expliquer l’énormité du sinistre : telle est la thèse développée dès l’origine par la direction de la Société générale quand elle a constaté qu’un de ses traders avait provoqué une perte colossale de 5 milliards d’euros. Le système est sain ; c’est un déviant qui a provoqué la catastrophe. Vieille justification de tous les conservateurs ; le comportement irrégulier de tel ou tel financier - Madoff, Kerviel ou un autre - ne saurait remettre en cause les bases de la finance moderne. Cet éternel plaidoyer de la langue de bois se heurte à un nouveau fait, sans doute plus têtu que les autres. La même banque, selon des procédures tout à fait régulières et sans que la chaîne hiérarchique puisse cette fois se défiler, a perdu 5 milliards supplémentaires (au moins) dans des investissements spéculatifs différents mais tout aussi hasardeux que ceux de Jérôme Kerviel. L’enquête de notre journaliste, Nicolas Cori, montre que la Générale, qui détenait la réputation de banque la mieux gérée de France (ce qui n’était pas faux au vu de ses résultats), a dilapidé à son corps défendant une deuxième masse de milliards tout aussi impressionnante que dans le premier scandale. Alors que la régulation promise se réduit comme peau de chagrin et que la haute finance cherche par tous les moyens à refermer une parenthèse à peine ouverte, la deuxième affaire Kerviel