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Libération
Reportage

Le monde parallèle de La Salada

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A Buenos Aires se tient une foire de 10 000 stands.
publié le 2 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 mai 2009 à 6h52)

Deux heures du matin et les alentours de la foire commerciale de La Salada, de l’autre côté du périphérique qui entoure Buenos Aires, ne sont déjà qu’un gigantesque embouteillage. Bus venus de Bolivie ou du Paraguay, taxis, camionnettes, tout le monde se dirige sur ce marché ouvert deux nuits par semaine. La Salada, symbole de l’informalité argentine, brasserait 5 millions d’euros par semaine à travers 10 000 stands de grossistes en vêtements. Derrière chaque emplacement, loué chèrement, il y a une micro-entreprise, souvent une famille, qui produit dans des ateliers clandestins les vêtements vendus sans intermédiaire. Haut lieu de l’informalité, La Salada fournirait un travail à près de 100 000 personnes dans une des zones les plus défavorisées du grand Buenos Aires.

Coopérative. Juché sur le toit d'un hangar, Jorge Castillo, avocat et administrateur d'une des trois coopératives qui se partage la foire, montre les alentours. Un quartier sans lumières, où on devine des maisons basses et fragiles, des rues en terre. Tout près, les 14 hectares de la foire sont en revanche parfaitement éclairés, et la coopérative a mis en place des services que la municipalité ou l'Etat n'assurent plus. «Ici, il y a une école, un restaurant scolaire, des accès Internet… des toilettes publiques», assure Jorge Castillo. Certes, il ne nie pas l'absence de facturation, les ateliers clandestins, le travail au noir, mais il veut faire la part des choses. «Pour un petit ent