Le scandale de la Société générale (Socgen) qui prolonge son écho dans la démission de son PDG, Daniel Bouton, n’est pas seulement moral, bancaire ou financier. Ce qui permet à ce genre de scandale de se reproduire à intervalle régulier, sans que la nation puisse agir pour s’en prémunir, se trouve au sommet de notre Etat. Dans les faits, la volonté du laisser-faire ne se dissimule même plus derrière le piètre jeu d’estrade auquel se livrent depuis plusieurs mois les protagonistes de la scène. Tout y est.
Un président de la République qui conspue «la finance folle» mais qui, dans le même temps, se félicite dès qu'il le peut d'avoir distribué des liquidités d'Etat sans aucune contrepartie afin que les mêmes continuent à agir comme hier «dans le meilleur des mondes possibles». Un ministre du Budget qui félicite M. Bouton au moment de sa démission pour sa clairvoyance et sa lucidité. Et la préposée aux bonnes nouvelles, sorte de Pangloss des temps modernes : notre ministre de l'Economie. Celle-ci, après avoir pris connaissance des informations de Libération, plutôt que de mobiliser les outils de vérification permettant d'assurer une information sûre et fiable, réagissait en parlant d'«alarmisme malvenu» en guise de toute réaction officielle, feignant d'ignorer les milliards d'euros de pertes évoqués. Le lendemain même de sa déclaration, Bouton démissionnait.
Les milliards envolés confrontés à l’absence de régulation et au laxisme de l’Etat doivent interpeller le citoyen. Ce