Les techniques de «testing» utilisées par des associations pour dénoncer les discriminations à l’embauche, par les agences immobilières ou à l’entrée des boîtes de nuit jouent un rôle important dans la prise de conscience de la discrimination en France. Elles sont un outil efficace de la lutte contre les discriminations. Néanmoins elles ne peuvent donner une mesure fiable de la prévalence des discriminations en France. Il faut pour cela des enquêtes ou des données administratives.
Ainsi dans nos travaux sur le chômage en Ile-de-France à la fin des années 1990, nous montrons que le taux de sortie du chômage, vers l’emploi, des ressortissants d’Afrique (Maghreb et Afrique subsaharienne) est à peu près moitié moindre que celui des personnes de nationalité française. Et ceci en comparant des personnes de mêmes sexe, âge et niveau d’éducation. A titre d’indication, cet écart est aussi fort qu’entre une personne de niveau d’éducation primaire et une personne ayant un diplôme du supérieur. Autrement dit, un ressortissant africain diplômé du supérieur sort du chômage aussi difficilement qu’un Français de niveau d’éducation primaire.
Qui plus est, l’importance de la population concernée par ce problème, évaluée à 1 million de personnes en Ile-de-France, est très probablement sous-estimée, car, en l’absence de statistiques «ethniques», nous sommes obligés de l’appréhender sous le seul angle de la nationalité.
Les disparités de situation par rapport à l’emploi ne s’arrêtent pas là puisque