En temps normal, György (1) est un gars honnête. Mais la Hongrie ne vit plus des temps normaux : «Je ne vois pas d'autre solution. Je suis en train de m'arranger avec des amis pour qu'ils volent ma voiture, y mettent le feu et l'abandonnent dans un fossé. Dès qu'elle aura disparu, j'irai l'annoncer à la police. Ce qui m'évitera de devoir rembourser le leasing à la banque. Vraiment, c'est la seule solution. Je n'arrive plus à suivre. Entre les traites pour la bagnole, celles pour l'appartement et celles pour les vacances en Croatie l'été dernier, nous sommes au bord de la rupture.» Employé de commerce à Miskolc, grande cité industrielle sinistrée au nord-est du pays, György fait partie de la cohorte grandissante des Hongrois essorés par la récession et le surendettement.
Pour ce père de famille de 36 ans, les dernières années avaient pourtant été réjouissantes. «Aussi loin que je m'en souvienne, mon salaire augmentait chaque année. Depuis que nous sommes entrés dans l'Union européenne [en 2004, ndlr], tout allait de mieux en mieux, dit-il. Dans ce climat de confiance, nous nous sommes mis à consommer à crédit, en pensant que les remboursements ne seraient jamais un problème.»
Mais avec une économie en quasi-surchauffe, l’inflation était élevée. Du coup, les taux d’intérêt en monnaie nationale, le forint, l’étaient aussi. Qu’à cela ne tienne : les banques hongroises, presque toutes contrôlées par des établissements étrangers, ont commencé à pr