Quinze ans de parenthèse refermée. Pour la première fois depuis 1994, le revenu par habitant baissera en Afrique en 2009. «Le pire est à venir», prévient le président de Banque africaine de développement (BAD), le Rwandais Donald Kaberuka. La BAD, qui a ouvert sa 44e réunion annuelle à Dakar (Sénégal) dans un climat d'inquiétude. Pendant dix ans, l'Afrique a connu une croissance de plus de 5 %. Elle sera, au mieux, de 2,3 % en 2009. Un tel mirage tiendrait du rêve en Europe. Même en 2010. Pour le continent africain, c'est dramatique. Au premier trimestre, 26 pays africains sur 53 ont connu une croissance de leur richesse inférieure à leur croissance démographique.
La crise économique menace de figurer une crise du développement. Selon plusieurs rapports (Unesco, Pnud, etc.), l'impact d'une telle chute de croissance se traduira ainsi : 27 millions de nouveaux pauvres, 27 millions d'emplois menacés. Cette crise, c'est donc «une question de vie ou de mort», selon le Gabonais Jean Ping, président de la commission de l'Union africaine. La croissance avait permis des avancées, plus ou moins timorées selon les pays. Jetées les bases d'assainissement financier ; de relance d'infrastructures, d'avancée technologique, aussi.
Des experts assurent que ce piège est exogène quand les autres subis par le continent auraient été endogènes. Cela se discute : le pillage des matières premières, la servitude de la dette ou le non-accès aux médicaments, choc interne ? R