Dans le Pas-de-Calais, on cumule les handicaps : le passé minier, la reconversion dans une industrie textile moribonde, puis dans un secteur automobile en péril. Question emploi, mieux vaut s'accrocher à ce qu'on a. A quelques bornes de Lens, dans la vaste zone industrielle de Douvrin, les mauvaises nouvelles pleuvent. Grégory Glorian se tient devant son lieu de travail, l'usine textile Filartois, et jette un œil aux sites voisins : «A Prowell, ils fabriquent des cartons, ils sont menacés de fermeture. A la Française de Mécanique, ils ont annoncé 138 suppressions de postes. Cegelec, une boîte du bâtiment, met ses salariés au chômage partiel, Delzenne aussi.» Alors, quand on demande à Grégory où il compte chercher du travail à l'heure où son usine fermera, cet été, il reste dubitatif.
«Fatalité». Son collègue Pascal a 36 ans dont treize d'ancienneté et gagne un peu plus de 1 300 euros nets par mois : «Je vais essayer de faire une formation à l'ANPE. J'aimerais travailler aux espaces verts». Un autre lance : «A Vendin-le-Vieil, ils vont ouvrir un abattoir de poulets.» L'usine Filartois - qui dépend du groupe belge Beaulieu Group International - fabrique du fil synthétique pour tapis et moquettes. «Nous avons un gros problème de surcapacité, note Vincent Roussel, directeur du site. Notre principale clientèle, russe, a réduit ses commandes.» Du coup Filartois ferme, comme Beaulieu Weavers à Comines (Nord), qui emploie