Jersey, Liechtenstein, Suisse… La plupart des paradis fiscaux ont accepté, sous la pression du G20, de revenir sur l’un des instruments de leur existence : le secret bancaire. Est-ce la fin de l’opacité?
Eva Joly. Non ! Le G20 aurait dû prendre des mesures radicales. Un exemple? Il était tout à fait possible de mettre en place un système de communication automatique. La Suisse, par exemple, devrait être contrainte de déclarer au fisc français les transferts d’argent de France ou de tout autre pays. Nous aurions amorcé la construction d’un réseau d’information mondial alimenté de façon automatique. Le G20 a été un grand moment de mascarade médiatique.
Pascal Saint-Amans. La critique est facile. Et votre idée de système d'information automatique est illusoire. Le G20 et l'OCDE ont opté pour une autre option : rendre obligatoire l'échange à la demande, quand l'information est «vraisemblablement pertinente» de la part de l'Etat qui en fait la demande. Le G20 a fait plus en quelques jours que la communauté internationale ces dix dernières années. Jamais autant de pays n'avaient accepté publiquement de mettre fin à l'opacité de leur système financier. Si plus aucun pays ne figure sur la liste noire de l'OCDE, c'est justement parce qu'ils ont accepté d'adopter prochainement un système où la transparence sera la règle.
Vos positions sont-elles totalement opposées?
E.J. Radicalement différentes. Vous ne dites rien sur le problème de la résidence, et du lieu de paiement des impôts. Pour moi, c’est simple : la localisation de ce qui est produit doit correspondre à la localisation d’un siège social d’une entreprise ou d’une filiale. Dès lors que vous avez des paradis fiscaux, dans une île par exemple où rien n’est produit, a