Jérôme Schmidt, 38 ans, agent de conduite de la centrale nucléaire EDF de Dampierre-en-Burly (Loiret), représentant SUD.
«Dans ma centrale, ça fait cinq semaines qu'on se bat : filtrage des entrées, grèves de deux heures des agents de maintenance… On est «tombé» sur un papier de la direction qui explique à Paris que ce mouvement, "c'est un aiguillon SUD qui oblige la CGT à se radicaliser". Que "les organisations syndicales ont du mal à contenir le mouvement". En fait, si ce mouvement part de la base, c'est que les agents n'en peuvent plus de leur mal-vivre au boulot. La première revendication, c'est l'argent. Mais il y a le reste : EDF recourt de plus en plus à des entreprises prestataires. Même la radioprotection est souvent confiée à des entreprises qui vont chercher des intérimaires sans expérience. Ce sont eux qui préparent nos masques ou nos bouteilles d'oxygène quand on doit entrer dans un réacteur… Le management change nos méthodes de travail. Ils vont aux Etats-Unis et reviennent en nous disant qu'on travaille mal depuis trente ans. Ils mettent la pression sur les agents pour qu'ils se dépêchent, tout en leur disant : "N'allez pas trop vite, question de sécurité !" Les jeunes sont très remontés, déjà parce que ceux qui arrivent depuis le 1er janvier n'ont plus le même statut que nous (retraite, etc.). Un jeune qui arrive avec un BTS touche environ 1 800 euros bruts, hors prime. Ce qui nous ferait sortir du conflit