Engagée dans une guerre sans merci contre le groupe Bolloré, la société de manutention portuaire franco-espagnole Progosa vient peut-être de perdre une manche capitale au Togo, son fief. Sous la menace d'un mandat d'arrêt pour fraude fiscale lancé par la justice de Lomé, son fondateur, l'homme d'affaires français Jacques Dupuydauby, aurait quitté précipitamment le pays pour se réfugier à Séville, où se trouve le siège social de son entreprise. Sur place, il a été rejoint par son fils, Vianney, et son directeur juridique, Gérard Perrier. Sur RFI, l'intéressé a démenti formellement avoir pris la fuite : «Mon départ s'est effectué au vu et au su des autorités togolaises, passeport tamponné. Mon avion a décollé une demi-heure avant celui du président togolais. Nous allions au même endroit voir la même personne [le président burkinabé Blaise Campaoré, ndlr] et nous nous sommes retrouvés au salon d'accueil.»

Depuis une vingtaine d’années, Vincent Bolloré et Jacques Dupuydauby passent leur temps à s’allier et se déchirer, selon les circonstances. Ennemis en 1986 (le premier virant le second de la présidence d’une société franco-africaine qu’il venait de racheter), réconciliés en 1998 sur le dos du groupe Bouygues, alliés depuis 2001 dans la manutention portuaire en Afrique avant de se déchirer publiquement, l’un l’autre s’accusant mutuellement de montages offshore… Un combat sans merci, à coups de plaintes et de contre-plaintes déposées à Paris, Séville, Lomé ou Libreville.