On ne choisit pas ses parents. Mais on choisit son mari. Ce qui ne veut pas dire que bague au doigt, on abandonne toute singularité pour devenir une ombre acquiesçante et pâmée. Hélène Mercier est la seconde femme et la mère des trois fils adolescents de Bernard Arnault, le patron de LVMH, un des hommes les plus puissants de France. Mais cette Québécoise est tout autant une pianiste reconnue. Et elle s’est escrimée à garder son nom de scène dans ce gotha des affaires où l’on a vite fait de vous escamoter derrière le patronyme masculin.
Dans le récit qu'elle publie, elle détaille sa relation charnelle au répertoire classique. Elle écrit : «La musique est plus qu'une passion, elle me définit.» Si Bernard Arnault n'avait pas été un amateur éclairé et un interprète délié, il est probable qu'Hélène Mercier n'aurait pas même remarqué son existence. Début des années 90. Lors d'une soirée autour du violoniste Ivry Gitlis, la jeune femme, grande blonde en vivacité et en aigus qui entretient à plaisir un cousinage d'apparence avec Lady Di, croise ce chef d'entreprise au profil d'oiseau de proie, de quinze ans son aîné. Au-delà de sa monomanie artiste, cette fille d'avocat vient d'une belle province où les patrons anglais sont mis au ban d'une société qui mélange dans sa détestation pour ces «sales capitalistes» revendication indépendantiste et dénonciation catholique de l'argent. Elle admet : «J'étais pleine de préjugés. J'avais l'impression que, pour réussir dans