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Libération

GM, le miroir brisé de l’Amérique

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Longtemps innovatrice, la firme a failli par arrogance.
publié le 2 juin 2009 à 6h51
(mis à jour le 2 juin 2009 à 6h51)

Sonnés par la faillite de General Motors, les Américains préféreraient oublier le vieil adage, selon lequel «ce qui est bon pour l'Amérique est bon pour GM, et vice versa», des mots prononcés en 1953 par Charles Wilson, ancien président de GM devenu secrétaire à la Défense, en réponse à Dwight Eisenhower, inquiet de sa loyauté envers son ancienne entreprise. Pendant son siècle d'existence, GM a pourtant bien servi de miroir à l'Amérique, de sa naissance ambitieuse, en passant par son renforcement après la Grande Dépression, longtemps innovatrice, puis arrogante dans sa domination au point de négliger les menaces qui pesaient sur son empire.

General Motors naît en 1908, quand William Durant rachète la marque Buick, suivie d'Oldsmobile, Cadillac et Chevrolet et de plusieurs fabricants de pièces détachées. L'industrie automobile vivait ses balbutiements. Ford sera le premier constructeur à installer les lignes d'assemblage dans ses usines, mais GM se démarquera pendant des années comme le vrai innovateur de Detroit. Le géant inventera le démarreur électrique, la transmission automatique et le moteur à huit cylindres. Si Durant eu le génie de consolider les premières marques sur le marché, c'est son successeur, le visionnaire Alfred Sloan, qui fera de GM l'icône qu'elle deviendra aux yeux de millions d'Américains. Sa principale innovation, dans les années 30, sera d'imaginer une «voiture pour toutes les bourses et tous les besoins». Il fera de Chevrolet l'automo