La rumeur courait depuis un moment : essoré par la pesanteur du marché, déçu par le manque d’enthousiasme des particuliers pour les fournisseurs alternatifs d’énergie, Charles Beigbeder, le jeune loup du patronat, reconnaissable à sa mèche blonde et à son costume à rayures, était prêt à passer la main. Et à céder au plus offrant son entreprise de production et distribution de gaz et d’électricité, Poweo, fondée en 2002, à une époque où tout semblait possible. Hier, Beigbeder a clarifié la situation : il sort du capital de Poweo, délègue le management opérationnel à un directeur général issu d’EDF, mais reste président du conseil d’administration en attendant de courir vers de nouvelles aventures.

C’est Verbund, premier producteur d’électricité d’Autriche et actionnaire historique de Poweo avec 30 % des parts, qui va racheter pour environ 40 millions d’euros les 13,4 % du capital détenus par Gravitation, la holding de Beigbeder. Prix d’achat de l’action, 29 euros, soit une prime de 58 % par rapport au dernier cours de Bourse, lequel a beaucoup chuté ces derniers temps (Poweo a accusé une perte de 20,5 millions d’euros l’an dernier et affichait un besoin vital de financement).

Verbund, qui tenait à s’installer sur le marché français de l’énergie, était donc prêt à lâcher un peu plus que nécessaire. D’autant que le marché de l’électricité pourrait évoluer en faveur des fournisseurs alternatifs si le gouvernement applique les conclusions du rapport Champsaur qui prônait récemment