En colère et en position de combat, le couturier Christian Lacroix est rentré dans une course contre la montre. La maison qui porte son nom a été déclarée, mardi, en cessation de paiement pour six mois. Le bilan est dur : 10 millions de pertes pour 30 millions de chiffres d'affaires. Et le natif d'Arles est en conflit avec ses actionnaires, les frères Falic, qui ont fait fortune dans le duty free aux Etats Unis et en Amérique du Sud. Que leur reproche-t-il ? D'être passé successivement de «la méconnaissance au mépris des artisans de la mode». A Libération, qui l'a rencontré hier, il raconte : «Les traites ne sont pas payées depuis des mois, voire des années. Mon principal fournisseur, Grandis, qui fabrique les modèles, attend toujours les 3,8 millions d'euros qui lui sont dus. D'autres ont été traités comme des voleurs, sur le ton "les Français ne savent pas travailler, cela ne se passe pas comme ça aux Etats-Unis".» De son côté, le PDG de la marque, Nicolas Topiol, nommé par les actionnaires, se refuse à tout commentaire hormis un communiqué officiel mettant en avant la crise financière.
La propre société de Christian Lacroix, Xclx, à travers laquelle il facturait ses collections (il n'est pas propriétaire de son nom), se retrouve également en péril. Il attend toujours 1,2 million d'euros qui lui sont dus pour la conception et la réalisation des collections. «Il me reste un mois de trésorerie et j'ai dû mettre en vente mon domicile à Paris»,