Stéphane Richard est un personnage atypique : milliardaire, haut fonctionnaire et bientôt patron d'une belle marque grand public, France Télécom. Une trajectoire qui fait rêver bien des managers, à commencer par Nicolas Sarkozy. «Tu as bien réussi, tu es riche, peut-être qu'un jour, j'y arriverai comme toi…», lui a dit le président en 2007, en lui remettant la Légion d'honneur.
Nez de boxeur collé sur une paire de téléphones cellulaires, le directeur de cabinet de Christine Lagarde attend ce jour-là la réponse de la commission de déontologie : aura-t-il le droit de troquer les chouettes pantoufles de Bercy contre des Lobb de patron de France Télécom ? Aucun des deux appareils n’est opéré par Orange, ce qui prouve la parfaite indépendance de Richard, 47 ans, à l’égard de son futur employeur.
Dring, c’est bon, il a le droit de rejoindre France Télécom à l’automne à condition de ne pas parler avec ses anciens collaborateurs au ministère. Un truc hypocrite, il en convient, parce que d’ici à 2011, date à laquelle Stéphane Richard devrait succéder à Didier Lombard, tous auront quitté le ministère.
Re-dring, c'est la ministre maintenant. «Bonjour, madame. L'avis est favorable. J'aurais le droit de vous voir.» Car l'interdiction excepte Christine Lagarde. Pour fêter ça, Richard décapsule une canette de Coca Light. Dans le bureau du ministère de l'Economie et de l'Emploi, au sixième étage avec vue sur la Seine, on a l'impression d'assister à un reality show.
La ministre