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Ecologie et libéralisme économique sont incompatibles

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Réponse à Alain Lipietz, qui a écrit dans Libération un Rebonds titré «Oui, l’Union européenne peut nous sortir de la crise».
par Eric Berr (Bordeaux 4), David Flacher (Paris 13),Bernard Guibert (économiste-statisticien), Florence Jany-Catrice (Lille 1), Dominique Plihon (Paris 13),Christophe Ramaux (Paris 1),
publié le 8 juin 2009 à 12h27

L’écologie, à l’instar du « social », ne s’accommode pas du libéralisme économique : cette conviction est au cœur de l’Appel des économistes en faveur du Front de gauche.

Si le marché et la concurrence ont parfois du bon, il est des choses qu’ils ne savent pas faire : assurer le plein emploi, la satisfaction d’une série de besoins sociaux ou répondre à l’impératif écologique. Cela s’explique aisément au fond, si du moins on accepte de considérer, à l’encontre des libéraux, que le tout n’est pas réductible au jeu des parties, l’intérêt général à celui des intérêts particuliers.

L'écologie engage le long terme et le collectif : deux dimensions que le marché et la recherche du profit à court terme sont bien en peine d'assumer. C'est bien pourquoi elle exige une intervention publique forte, une « véritable planification ». Or, les traités européens empêchent cela. Dès le traité de Rome, la concurrence a été élevée au pinacle. Et depuis l'Acte unique de 1986, cela n'a cessé d'être durci : la concurrence est première, le reste lui est soumis. D'où ce résultat qui peut difficilement être nié : dans les traités, l'Union européenne est d'abord définie et structurée comme un espace marchand où règne la liberté de circulation des marchandises et des capitaux à la fois « en interne » (entre les 27) et avec le reste du monde. L'intervention publique est systématiquement combattue, corsetée : politiques monétaire, budgétaire (à la fois des Etats et de l'Union), industrielle, commerciale, se