Le rapport Cotis sur le partage de la valeur ajoutée et les écarts de rémunérations ne contient pas de nouvelles bouleversantes. Il a au moins le mérite de rappeler de façon très claire les faits essentiels. En particulier, la stabilité apparente depuis vingt ans du partage primaire entre masse salariale et profits ne doit pas masquer le creusement des inégalités et la stagnation du pouvoir d’achat du plus grand nombre. D’une part, les très hauts salaires ont connu, depuis les années 1990, des progressions très nettement supérieures à la moyenne de la masse salariale. Ce phénomène a un impact psychologique désastreux, et menace, si la tendance se poursuit, de prendre l’importance macroéconomique qu’il a fini par atteindre aux Etats-Unis. D’autre part, la faible croissance a été largement absorbée par la hausse continue des cotisations sociales et autres prélèvements pesant sur les salaires, si bien que le salaire net moyen a presque stagné depuis vingt ans, alors que les revenus du patrimoine connaissaient des progressions substantielles.
Même si le directeur de l’Insee ne peut les formuler aussi crûment, les implications politiques découlent de ces constats. Plutôt que de lancer des écrans de fumée sur le partage primaire de la valeur ajoutée, il faut utiliser l’outil fiscal : allègements fiscaux pour ceux dont le pouvoir d’achat a stagné, alourdissement pour ceux qui ont le plus bénéficié de la croissance. C’est-à-dire tout le contraire de la politique de l’actuel gouvernem