Ci-gît la social-démocratie, son choix d'équilibre entre le marché et l'Etat ? A la lecture de la crise financière planétaire, pas franchement. En effet, la plupart des dirigeants de droite ou de gauche libérale n'ont pas hésité à venir piocher en partie dans les thèses social-démocrates inspirées de la doctrine keynésienne, mariant initiative privée et intervention de l'Etat. Au nom du «principe de réalité», du «pragmatisme», où de la «survie», les droites ont préempté des politiques économiques dénoncées jusqu'alors. Explications.
L’Etat interventionniste
Jamais depuis la faillite de Lehman Brothers, le mot Etat n'a été autant prononcé. Y compris par des gouvernements libéraux fascinés par les vertus du tout marché. Eux, qui, hier encore brocardaient de «marxistes» ceux qui avaient l'imprudence d'en appeler à son intervention. En France, François Fillon assurait en septembre 2007: «Je suis à la tête d'un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier» ? Le même Premier ministre, en pleine bourrasque, trouve - officiellement - 26 milliards d'euros pour un plan (timide) de relance… sur deux ans. «La maîtrise de nos finances publiques est un impératif moral, autant que financier, jurait le candidat Sarkozy en 2007 ? Le déficit public dépassera largement les 6 % en 2009. Deux fois le pourcentage autorisé par le Pacte de stabilité… mis entre parenthèses partout en Europe. «Voici l'Etat rendu à la plénitude de son rôle»