Pour ou contre le fichier positif ? Hier, au Sénat, à l'ouverture de l'examen du projet de loi réformant le crédit à la consommation, le sujet du fichier des incidents de paiement a donné lieu à un premier échange avec le gouvernement. Bercy, qui n'avait pas du tout envie de toucher au dispositif dans un premier temps, a dû lâcher du lest. Il existe en France depuis 1989 le fichier des incidents de paiement (FICP). C'est un fichier dit négatif : il ne consigne que les noms des ménages ayant failli à rembourser leur crédit. Mais en Allemagne, en Belgique ou au Royaume-Uni, existent des fichiers positifs : d' immenses répertoires recensant tous les emprunteurs, du simple crédit revolving au prêt immobilier de trente ans. Certains rêvent de ce dispositif en France, l'imaginant plus efficace pour protéger les emprunteurs contre eux-mêmes et prévenir le surendettement. Et là, surprise, les clivages habituels (droite-gauche, associations de consommateurs contre banquiers usuriers) volent en éclat.
Ainsi, Nicole Bricq, sénatrice de Seine-et-Marne (PS) et partisane d'un tel fichier, campe sur la même ligne que Fabienne Keller (UMP), qui dit être «pro-fichier, mais pour un fichier public et contrôlé par la Cnil», la Commission nationale de l'informatique et des libertés. A l'entendre, le fichier positif calmerait les ardeurs des distributeurs de crédit. Le clivage passe aussi entre les associations. Alors que l'UFC-Que choisir déclare la guerre au fichier positif, l'