A crise exceptionnelle, réponse gouvernementale exceptionnelle. Et tant pis si le déficit budgétaire et la dette publique explosent, c'est le prix à payer pour empêcher que la plus grave récession que le monde a connue depuis 1945 ne dégénère en cataclysme économique et social. Cet argumentaire bien rodé n'a guère rencontré, hier, de bienveillance du côté de la Cour des Comptes. Présentant son Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques traditionnellement remis au Parlement avant le débat d'orientation budgétaire, son très indépendant premier président, Philippe Séguin, a démontré, chiffres à l'appui, à quel point ce raisonnement était largement faux.
Dérive. La crise n'explique que la moitié du déficit public colossal prévu cette année (il devrait atteindre 7 % du PIB cette année, après 3,4 % en 2008 et 2,7 % en 2007) et une hausse des impôts est inévitable si la France n'ampute pas ses dépenses de 70 milliards annuels, met en garde la Cour des Comptes dans son rapport annuel. La crise «explique une part seulement» de cette dégradation débutée avant la crise, a insisté Philippe Séguin, qui assume parfaitement «une divergence de vue avec le Budget».
Alors que de timides progrès avaient pu être observés dans la «maîtrise de la croissance des dépenses publiques» depuis 2006, La Cour des Comptes déplore une nouvelle dérive depuis 2008. Une dérive nettement aggravée par les baisses d'impôts d'un montant d