Devant les prud’hommes, soixante ans après leur licenciement. Au palais de justice de Nanterre, s’est tenue vendredi l’ultime audience opposant 17 survivants - ou leurs représentants - des grandes grèves de mineurs de 1948 et 1952, à la défunte société des Charbonnages de France.
A l'époque, 3 000 mineurs avaient été licenciés suite aux mouvements de grève menés contre la réforme de leur statut. La répression fut féroce (six morts), et nombre de syndicalistes CGT croupirent quelques semaines dans les geôles de la toute jeune IVe République. Soixante ans plus tard, les survivants réclament -modestement - justice : 60 000 euros de dommages et intérêts pour licenciement abusif.
L’audience du 15 décembre n’ayant pas permis de dégager une position majoritaire au sein des conseillers prud’homaux, c’est une magistrate professionnelle qui a présidé celle de vendredi. Une audience de «départage» qui s’est résumée à des débats - entre sept avocats ! - sur la prescription ou non des faits, d’une durée de trente ans en matière de licenciement. Car le vote, en 1981, d’une loi d’amnistie reconnaissant que ces licenciements faisaient suite à des faits de grève, pourrait conduire à les considérer comme discriminatoires, permettant ainsi d’échapper à la prescription.
Le mot de la fin est revenu au seul survivant présent vendredi. «Tirer sur des mineurs pour faire appliquer une circulaire illégale, ce n'est rien d'autre que du terrorisme d'Etat», a estimé Norbert Gilmez, 87 ans.