Jean-Marie Monnier est professeur d’économie à l’Université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Spécialiste des politiques publiques, il revient sur le futur emprunt qui devrait être lancé à la fin de l’année.
Quel lien faites-vous entre le déficit public et l’idée de lancer un grand emprunt d’Etat pour favoriser le développement des secteurs d’avenir ?
L’idée d’un emprunt public ne peut pas être séparée du reste : politiques fiscales, déficits et dette publique. La dette publique, c’est justement la somme de l’ensemble de ces déficits. Or aujourd’hui, elle frôle les 1 300 milliards d’euros (70 % du PIB).
Pourquoi avons-nous accumulé une telle dette ?
Depuis vingt ans, tous les gouvernements de droite comme de gauche ont mené des politiques conduisant à tailler dans les recettes publiques et sociales, c’est-à-dire les impôts et les cotisations. Par exemple, sur les 35 milliards d’exonération de cotisations sociales prévues en 2009, 33 milliards sont à la charge de l’Etat.
Quoi qu’il en soit, nous avons une pression fiscale élevée…
Elle est élevée, mais ne progresse pas de manière significative depuis quinze ans. L’ensemble des prélèvements représente 43,6 % de notre PIB en 2009 contre près de 50 % dans les pays scandinaves, champions du social. Et c’est environ 35 % dans les pays anglo-saxons. Mais il est vrai que la dépense publique a suivi la progression du PIB. Lorsqu’on observe l’évolution des ressources publiques, donc des prélèvements, nous constatons qu’ils sont restés relativement stables. Dans ce cas, inutile de s’étonner du fait que le déficit public est toujours un peu plus élevé. Nous sommes plongés dans un système où la charge fiscale est transférée en partie des entreprises vers les ménages. Et au sein des ménages, des p