Des applaudissements. Des accolades. Mais aussi des larmes. Les plaignants ont laissé parler leurs émotions hier quand le juge Denny Chin, de la Cour fédérale de Manhattan, a prononcé la peine maximale de cent cinquante ans de prison contre Bernard Madoff, le financier déchu, auteur de la plus vaste fraude financière de l'histoire de Wall Street, d'un montant de 65 milliards de dollars. Madoff, tête baissée, engoncé dans un costume sombre, n'a pas bronché. Peu avant de prendre connaissance du verdict, il avait présenté ses excuses à ses victimes. Le juge a balayé les arguments de la défense qui plaidait pour une peine réduite arguant du fait que Madoff s'est rendu de lui-même à la justice. «Au contraire», a déclaré le juge, l'escroc n'aurait pas encore tout dit. Cette sentence est plus que symbolique. «Dissuasive», selon le juge Chin, elle se veut aussi un avertissement aux autres apprentis sorciers de la finance.
Détresse. Comme lors de l'audience du 29 mars, quand Madoff avait présenté son plaider-coupable de fraude, d'escroquerie, de blanchiment d'argent et de faux témoignages, une foule compacte, composée de journalistes du monde entier et de nombreuses victimes du financier, a fait le pied de grue dès l'aurore devant le tribunal dans l'espoir de décrocher un siège aux premières loges. Le juge a commencé par entendre le témoignage de neuf victimes, égrenant pour la plupart la confiance brisée et la détresse financière dans laquelle elles