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Interview

«Une baisse de productivité liée au sentiment d’insécurité»

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Christophe Cornolti, docteur en sciences de gestion :
publié le 6 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 6 juillet 2009 à 6h52)

Docteur en sciences de gestion et maître de conférence à l’université Nancy-II, Christophe Cornolti étudie les conséquences des plans de licenciements sur les «restants». Un sujet d’étude récent : la première thèse française en sciences de gestion sur cette question date du milieu des années 90. Des enseignements se dessinent.

Quel est l’impact des plans sociaux sur les salariés qui échappent au licenciement ?

Chacun va réagir différemment, mais des études relèvent une fatigue plus importante, des dépressions, des risques d’hypertension, des ulcères, des problèmes dermatologiques… Les psychologues parlent d’un «travail de deuil». La perte de collègues et la disparition de la famille symbolique qu’est la collectivité de travail font passer le salarié par une phase de dénégation - le refus de voir les nouvelles réalités organisationnelles, puis par la colère, la dépression… avant de pouvoir repartir sur de nouvelles bases de travail.

Et leur engagement dans le travail ?

Bien souvent, leur attitude change. La démotivation augmente, comme la volonté de quitter l’entreprise. Le sentiment d’appartenance au collectif s’affaiblit, on éprouve du ressentiment à l’égard de la direction… L’insécurité rend leur rapport à l’entreprise et à leur travail beaucoup plus calculé qu’avant : le lien affectif s’atténue, la conscience professionnelle aussi. Entre une entreprise et son salarié, il existe un contrat psychologique : le salarié s’implique et en échange il attend de son employeur une garantie d’emploi, de promotion. Si le pacte est rompu, difficile de lui demander de continuer à s’investir.

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