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Libération
INTERVIEW

«EDF veut produire de l'électricité au coût du nucléaire et la vendre au prix de celle à base de charbon»

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François Carlier, directeur des études à UFC-Que choisir, réagit aux déclarations du patron d'EDF qui souhaite une hausse de 20% des tarifs de l'électricité sur trois ans ou «un peu plus» pour que le groupe cesse de s'endetter.
Pylone électrique d'EDF. (REUTERS)
par Propos recueillis par PHILIPPE BROCHEN
publié le 9 juillet 2009 à 13h37
(mis à jour le 9 juillet 2009 à 13h44)

Pierre Gadoneix, PDG d'EDF, ment-il quand il dit que «l'électricité en France est 30 à 40% moins chère que dans les autres pays européens» et affirme qu'«en vingt-cinq ans, l'augmentation du prix de l'électricité dans l'Hexagone n'a jamais été supérieure à l'inflation»?

Non. Même si les tarifs de l'électricité à l'étranger ont plus augmenté de l'ordre de 30% que 40% par rapport aux tarifs pratiqués par EDF. Ces derniers ont effectivement faiblement augmenté depuis vingt ans: 1% par an en moyenne. Mais avec une parfaite justification économique: c'est que l'appareil nucléaire coûte moins cher et, surtout, il est amorti.

Il existe donc une spécificité française en la matière?

Absolument. La France a choisi le nucléaire. Et ce choix présente un avantage, c'est que le coût du kilowatt/heure avec le nucléaire est bien moins élevé que le coût au gaz et au charbon. Les Français ont assumé les risques du nucléaire et ils en ont reçu un avantage, c'est-à-dire des tarifs d'électricité moins élevés que leurs voisins. Du moins, pour l'instant. Ce n'est donc que justice.

Pourquoi alors une telle annonce de l'électricien?

Le grand rêve d'EDF, c'est de produire de l'électricité au coût du nucléaire et de la vendre au prix de l'électricité à base de charbon. Pour eux, ça serait une excellente chose, ça ferait même d'EDF l'entreprise la plus rentable au monde. Là-dessus, le débat est tranché.

Mais EDF est déjà une entreprise très rentable.