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Libération
Interview

«Vers un système de "G" baroque»

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Hubert Védrine, ex-ministre socialiste des Affaires étrangères :
publié le 11 juillet 2009 à 6h52
(mis à jour le 11 juillet 2009 à 6h52)

L’ex-ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine dirige désormais un cabinet de conseil.

Le G8 a-t-il vécu ses ultimes soubresauts ?

C’est possible. Ce G8 raconte la fin du monopole occidentale, le plus grand phénomène géopolitique actuel. Une fin d’autant plus rapide qu’il y a peu, les démocraties du Nord se rêvaient maîtres du monde. Si l’idée de l’élargissement n’est pas nouvelle, la crise a accéléré l’implosion du G8. Au départ, en 1975, ce fut un G5 lancé pour parler de la crise pétrolière. Le G7-G8 s’est élargi grâce à la France. Symboliquement, sous Mitterrand en 1989. Concrètement, en 2003, à Evian, sous Chirac. Puis sous Sarkozy, qui a accompli l’acte le plus important de sa présidence de l’Union européenne l’an passé en relançant le G20. Et parlant maintenant d’institutionnaliser un G14.

Mais le G14 ou G20 changera-t-il quelque chose à la représentativité du monde ?

Oui, parce qu’il pèse 80 % du PNB mondial. Non, parce que 172 pays, sur les 192 membres de l’ONU, restent encore exclus de ce club fermé. On s’achemine vers un système baroque fait de multiplication de «G» dans tous les sens. Mais pour autant, pas de gouvernance ni de communauté internationale. Pas de solutions ni de préconisations globales. Parce qu’il n’y a pas d’autorité mondiale, pas de vainqueur, comme après la guerre. Pas d’harmonisation d’un monde fondé sur des valeurs communes.

L’émergence d’un monde multipolaire est-il un vecteur de démocratisation ?

Peut-être, mais pas forcément pour l’efficacité. Ce qui est positif, c’est que les grands de ce monde, pays émergents inclus, se rencontreront plus souvent, et pas uniquement dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU, dont l’élargissement