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Libération
Reportage

A Châtellerault, le désarroi et la révolte

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Dans l’usine où le bruit des machines a cessé, les salariés ne veulent pas «crever en silence».
Des salariés de New Fabris le 12 juillet 2009 devant l'usine à Chatellerault (© AFP Alain Jocard)
publié le 14 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 juillet 2009 à 6h51)

Pour la fête nationale, ils auraient pu faire sauter l'usine. Ils ont décidé d'attendre un peu. Quinze jours de rab, «mais pas un de plus», prévient un délégué syndical du sous-traitant automobile New Fabris, basé à Châtellerault, dans la Vienne. Deux semaines de plus pour que le gouvernement et les donneurs d'ordre - Renault et PSA - trouvent 30 000 euros pour chacun des 366 salariés licenciés suite à la liquidation de l'entreprise, prononcée le 16 juin. Sinon, «on fait tout péter», rigole un ex-employé, en montrant aux journalistes les bouteilles de gaz disséminées tout autour du bâtiment. New Fabris, un plan social de plus, que les salariés concernés ont décidé de médiatiser, pour «ne pas crever en silence», explique l'un d'eux. Un plan social dramatisé, qui n'enlève rien à la douleur vécue par les employés, et qui interroge sur les rapports entre grosses entreprises et sous-traitants, entre salariés d'en haut et petites mains d'en bas.

En attendant, la mise en scène est parfaite. Enlevées des chariots élévateurs, les bombonnes de gaz ont été placées en hauteur, à l'entrée de l'usine, et vaguement reliées à un fil, qui lui-même… pend dans le vide. De belles images pour les télés et photographes, venus en masse depuis dimanche, jour où l'AFP a relaté leur nouvel ultimatum. «On ne comprend pas vraiment, car depuis deux semaines déjà, on menace de tout faire sauter, et c'est seulement maintenant que la presse débarque», s'étonne Guy Eyerman