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Libération
EDITORIAL

Survie

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publié le 14 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 juillet 2009 à 6h51)

«Je comprends le désarroi des salariés […] qui savent qu'ils ne s'en sortiront pas sur le bassin d'emploi de Châtellerault. […] Il y a une grande peur de l'avenir. […] Certains [salariés] partiront avec 3 000 euros seulement. L'entreprise était considérée comme une bonne boîte. Les gens y restaient, pensant que ce serait leur dernier emploi avant la retraite. En six mois, tout s'est écroulé.» Tout est dit. Et ce n'est pas un délégué syndical de New Fabris, cette usine de sous-traitance automobile en liquidation que ses salariés menacent de faire sauter, qui parle. C'est leur patron qui s'exprime. Il dit tout : la violence de la crise, l'injustice sociale qu'elle charrie, l'ampleur des mutations en cours dans le monde du travail, et surtout l'avenir vécu comme trou noir. Comment, dans ces conditions, ne pas comprendre la réaction des salariés concernés, qui menacent d'user de la violence pour se faire entendre ? Cette radicalisation n'est pas nouvelle. En juillet 2000 déjà, les salariés de Cellatex y avaient eu recours. Et plus récemment, les séquestrations de patrons se sont multipliées. Mais la vraie violence des divers plans sociaux estivaux en cours n'est-elle finalement pas ailleurs : dans cette individualisation des destins comme horizon de survie. A Châtellerault comme ailleurs, souvent, c'est l'absence de débouché commun qui s'impose comme horizon à la lutte sociale ; et les revendications individuelles qui priment sur les projets collectifs. Quand il n'y a