Lundi, c'était New Fabris : les premières bonbonnes de gaz sur le toit d'une usine de Châtellerault, et les journalistes dépêchés illico pour suivre l'affaire. Mardi, c'était Nortel, spécialiste des télécommunications, liquidé par sa maison mère canadienne : des bonbonnes de gaz devant le site de Châteaufort (Yvelines)… et des journalistes arrivés en masse. «Il n'était pas question de les faire exploser, raconte Antoine Blanchet, cadre depuis neuf ans. C'était simplement pour donner, semble-t-il, une raison aux médias de venir nous voir. Nous sommes en grève depuis le 6 juillet et personne, jusqu'à présent, n'a parlé de nous…» La mise en scène a fonctionné : les médias sont venus. Et les salariés ont décroché une réunion avec l'administrateur français et l'administrateur anglais, qu'on leur refusait jusqu'à présent, une rencontre avec Valérie Pécresse, ministre de la Recherche, un déplacement du ministre de l'Industrie himself sur le site de Châteaufort (lire ci-contre)…
Jeu complexe. Les cadres de Nortel qui plagient les ouvriers de New Fabris (qui, eux, n'ont toujours pas enlevé les bonbonnes de leur toit) : voilà une illustration parfaite du jeu complexe qui s'instaure souvent entre conflits sociaux, médiatisation et réponse politique. Les salariés en conflit l'ont bien compris. Hier matin, Libération recevait un mail d'un salarié de Nortel : «Nous avons besoin des médias pour reléguer (sic) notre situation auprès d'