En 2009, les dirigeants de l’entreprise de télécommunications Nortel, protégée par la loi canadienne sur les faillites, se sont partagé 45 millions de dollars américains de bonus. Il y a quelques semaines, Nortel a annoncé la fermeture du site de Châteaufort dans les Yvelines. Mardi, les salariés de Nortel ont menacé de faire sauter leur entreprise à l’aide de bonbonnes de gaz. Contrairement à ce que soutiendront certains esprits iréniques, il y a un rapport direct entre ces faits. Depuis deux décennies, les dirigeants du capitalisme financiarisé se sont ingéniés à le faire haïr.
La menace agitée par les salariés de Châteaufort est largement symbolique. Ils se défendent aujourd’hui d’avoir voulu mettre leur menace à exécution. Leur but était d’attirer l’attention et d’obtenir de meilleures compensations pour leur mise à pied. Il y a une «stratégie de la bonbonne», plus médiatique que physique, qui pose d’ailleurs aux médias la question de la hiérarchie de l’information sociale. Faut-il mettre en exergue les plans sociaux les plus massifs, ou bien ceux qui donnent lieu aux réactions les plus violentes ? Inégalité du traitement journalistique, choquante et pourtant inévitable…Ce qui est sûr, c’est qu’en se situant dans un monde coupé du commun des mortels, la classe dirigeante a ressuscité une forme d’aristocratie qui suscite les mêmes réactions de violence que les nobles de l’Ancien Régime en leur temps. L’avidité indifférente des dirigeants crée une situation explosive. Dans