Olivier Labarre est directeur général adjoint de BPI, un cabinet spécialisé dans les missions de reclassements de salariés après les plans sociaux, financées par les entreprises - il travaille essentiellement avec des grandes sociétés. Il revient sur les stratégies de médiatisation des conflits sociaux, et sur leurs conséquences.
Que pensez-vous de cette série de «menaces à la bonbonne» après la série des séquestrations ?
Pendant des années, les dossiers de restructurations que nous suivions pouvaient être marqués par des combats entre direction et syndicats. Mais au fond, chacun avait conscience d’une économie qui se mondialisait et finalement il y avait un consensus sur «le sens de l’histoire» et la nécessité des restructurations. Les salariés passaient moins aux stratégies de violence car les plans sociaux étaient corrects et ils espéraient retrouver un emploi. Tout a changé avec la crise actuelle. Le capitalisme est remis en cause depuis la crise financière qui a fait comprendre, que pendant les licenciements des uns, les autres augmentaient au contraire leurs rémunérations. Tout le monde, tous les jours, s’est mis à répéter qu’il n’y avait plus d’emplois, que la situation n’allait qu’en s’empirant. La sécurité de reclassement que pensaient avoir les salariés licenciés n’existe plus. Les gens paniquent, ont l’impression qu’ils ne trouveront plus jamais de travail…
Ce n’est pas qu’un sentiment : le marché du travail s’est vraiment dégradé…
C’est une évidence, les reclassements seront plus durs. Mais en le répétant sans arrêt, le peu d’espérance qui restait a disparu. Ça pousse les gens à aller au conflit : d’abord parce qu’ils n’ont plus ri